LE BOUT DU MONDE
Les églises face à la mer sur l’île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie, photographies, 2024
J’ai souvent rêvé de partir « à l’autre bout du monde ». En un claquement de doigt, tout laisser derrière moi. Voir ce qu’il se passe ailleurs, de l’autre côté. Mais l’endroit m’a longtemps échappé. C’est alors que j’ai commencé à demander aux gens quels étaient leurs bouts du monde. Comme ça, par curiosité.
J’avais oublié ce projet. C’était il y a quelques années et nous étions en plein confinement. Sous le pseudonyme Juliette Duchamp, je m’inventais une nouvelle adresse email atlas.leboutdumonde@gmail.com sur laquelle je déposais un questionnaire sur la notion du bout du monde. 45 personnes m’ont répondu. Les réponses sont belles, uniques, parfois funestes. J’en ferai sûrement quelque chose un jour, une édition illustrée par exemple.
Entre temps, j’ai eu la chance de voyager, de réaliser quelques rêves d’enfant, de remplir ma boîte à images de souvenirs. Mon amour de grand-mère, Yvonne, n’a jamais eu la possibilité de traverser le globe. Fille et femme d’agriculteur, mère de trois enfants, ce n’était pas envisageable. Elle me confiait souvent, après nos debrief Star ac’ et ateliers créatifs (j’avais 15 ans quand elle nous a quitté), qu’elle aurait adoré parcourir le monde. J’avais demandé à ma mère qu’on lui offre un bel atlas pour son prochain anniversaire. Elle acheta un bouquin géant, dos carré collé, couverture en cuir et lettres dorées. Émues, nous tournions les pages du mammouth, dessinant du bout de nos doigts, nos futurs et derniers voyages imaginaires.